Par Antoine Desrues
8 décembre 2022
MAJ : 24 mai 2024
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Tout le monde (ou presque) a vu Avatar, mais il ne faut pas oublier que le film deJames Cameron possède trois montages différents. Lequel faut-il préférer ?
Une chose est sûre : avec Avatar, James Cameron a envisagé un maximum d’options pour rendre le film aussi complet qu’accessible. Au-delà d’avoir accéléré le mouvement vers la projection numérique, le méga-blockbuster post-Titanic a été rendu disponible dans un maximum de formats (2D, 3D, IMAX, argentique en 2.39, numérique en 1.85…).
Mais en plus de ces considérations techniques, Cameron et ses équipes ont aussi mis du temps à perfectionner le montage du film, en assurant à la fois une peinture suffisamment riche du monde de Pandora, et l’efficacité de son récit mythologique. Pour autant, cela n’a pas empêché James Cameron de profiter de ses nombreuses idées pour prolonger l’expérience.
Ainsi, dès 2010, Avatar est ressorti en salles dans une Special Edition Re-Release (avec 8minutes additionnelles), avant qu’une sortie vidéo en DVD et Blu-Ray ne compile cette même version avec le montage cinéma et surtout avec le Collector’s Extended Cut, comprenant cette fois 16 minutes additionnelles. Il est donc temps de se replonger dans les diverses versions d’Avatar, pour mieux comprendre ce qui les distingue.
Il est temps d’argumenter
Ce qu’en pense James Cameron
Qu’on aime ou non le premier Avatar – notamment en ce qui concerne la teneur de son scénario –,il serait malhonnête de ne pas y voir une structure narrative aux petits oignons. Certes, James Cameron a développé un parcours héroïque hautement archétypal, mais ce but a toujours été assumé, en particulier pour traduire une universalité en opposition directe avec le monde unique de Pandora. Même en abordant un univers extraterrestre, et un environnement entièrement numérique, le spectateur a l’opportunité de se raccrocher à cet écrin mythologique, qui lui sert de porte d’entrée.
Et de ce point de vue là, on ne saurait enlever au montage cinéma d’Avatar son épure, qui entremêle dans la plupart de ses séquences un développement (même subtil) de l’univers de Pandora et l’évolution de ses personnages. En bref, tout s’imbrique organiquement, et on retrouve cette exigence dans la tenue des arcs narratifs, dignes du réalisateur de Terminator 2, Abyss et Titanic.
James Cameron quand il pond un «petit» traitement
D’ailleurs, James Cameron a été le premier à dire que la version cinéma d’Avatar est bien son “director’s cut”, comme il l’a précisé au micro de MTV :
“Le director’s cut, c’est le film qu’on a sorti en salles. Mais nous proposons aussi une édition spéciale, où il est possible de sélectionner une version plus longue du film, avec des scènes rajoutées. Mais il s’agit plus d’une version pour les fans qu’une version du réalisateur.”
Derrière la pommade marketing, on serait plutôt d’accord avec Cameron, car les deux versions longues, bien que passionnantes, ajoutent des scènes qui ne parviennent pas toujours à s’intégrer dans le flow global du montage. Cependant, à leur découverte, il est indéniable qu’Avatar gagne en complexité par l’ajout d’informations.
Quand la rédaction d’Ecran Large s’enchaîne les 3 versions
La Special Edition Re-Release
Pour commencer avec la Special Edition Re-Release, il est important de préciser que la plupart des rajouts sont des extensions de séquences déjà existantes, plutôt que de nouvelles scènes. Par exemple, la première nuit de Jake dans la forêt bioluminescente est rallongée, au même titre que son arrivée dans le cercle des Na’vi, où une petite fille le dévisage avant d’être réprimandée par son père. On peut sentir dans cette séquence pivot la première vraie connexion entre le héros et Neytiri, puisqu’il lui demande son nom complet, qu’il ne parvient pas à prononcer correctement.
Il en va de même pour la fameuse scène de sexe entre les deux personnages, où on peut cette fois les voir se connecter avec leurs tresses pour une communion totale de leurs esprits, ce qui accentue la valeur de l’acte.
On va niquer ce soooooir !
Néanmoins, cette version possède malgré tout des suppléments de taille, notamment pour préciser le système holiste de Pandora. Lorsque Grace fait isoler son laboratoire mobile dans les montagnes flottantes de Pandora, la voix-off de Jake intervient pour expliquer qu’un effet magnétique (dû au métal que les humains cherchent à extraire) est à l’origine de ce phénomène. Pour être tout à fait honnête, le sublime de la scène en est quelque peu entaché par cette explication très rationnelle.
Par ailleurs, une fois que Jake possède son banshee, une séquence laisse voir une chasse spectaculaire du clan Omaticaya face à un troupeau de Stuurmbeasts (un mélange entre des gnous et des bisons). Pour le coup, même si la scène est très réussie (la spatialisation entre terre et ciel est exemplaire), il faut bien admettre qu’il s’agit avant tout d’une pause dans le récit, qui permet de marteler l’intégration de Jake.
Plus western que jamais
Il en va de même pour la mort de Tsu’teh (le futur chef de clan promis à Neytiri) à la fin du film. Mitraillé alors qu’il est à bord du vaisseau humain principal durant le climax, sa chute depuis le ciel est rallongée, et montre même qu’elle est amortie par les arbres. Ainsi, on peut revoir le personnage après le combat final contre Quaritch, où, agonisant, il nomme Jake nouveau leader des Omaticaya. L’idée est belle et logique, et la scène déchirante (d’autant que Jake doit lui-même l’achever), mais elle brise un peu la beauté de la séquence précédente, lorsque Neytiri sauve le corps humain de Jake, et qu’ils se voient et se touchent enfin dans leur enveloppe corporelle originelle.
Si on se montre assez critique jusque-là, il y a bien un ajout très intéressant. Lors de la première expédition de Jake (juste avant l’attaque du Thanator), il visite avec Grace et Norm les ruines de l’école que la scientifique avait mise en place pour apprendre l’anglais aux Na’vi. Des rais de lumière s’infiltrent dans des impacts de balles, et l’on comprend bien vite qu’une tuerie a eu lieu, annihilant au passage toute forme de diplomatie entre les deux peuples.
Un plan qu’il est beau
Le Collector’s Extended Cut
Pour sa part, leCollector’s Extended Cut possède pas mal de gros morceaux, en plus des suppléments évoqués plus tôt. Au-delà de la séquence dans l’école, deux autres scènes entre Jake et Grace permettent d’en savoir plus sur l’incident, à la manière d’un pay-off satisfaisant. Au travers d’une photo, on apprend que Neytiri avait une sœur, Sylwanin, tuée par les humains.
Par la suite, alors que Jake sort de son corps d’avatar, Grace l’oblige à manger avant de dormir, ce qui permet de tisser sobrement l’amitié naissante entre eux (un des manquements de la version cinéma). Au fil de leur discussion, on comprend que la mort de Sylwanin a eu lieu dans l’école de la scientifique, alors que la jeune Na’vi cherchait refuge après avoir attaqué un camion humain.
Le récit, émouvant, est surtout une magnifique passerelle pour approfondir la dimension spirituelle d’Avatar, et le trouble que vivent ces personnages qui naviguent d’un corps à l’autre. Difficile de ne pas s’attarder sur cette réplique lourde de sens prononcée par Grace : “Une douleur pareille vous rattrape au-delà de la liaison [neuronale]”.
La meilleure scène de Sigourney Weaver
Mais l’ajout majeur de cette version, c’est son prologue, qui présente l’état de la Terre et surtout celui de Jake, perdu dans cette ville grise à néons tout droit sortie de Blade Runner. Pour renforcer sa nature auto-destructrice, le héros est présenté dans un bar où il s’attaque à un homme malgré son handicap. Une fois jeté dehors, il est abordé par deux agents, qui l’emmènent voir le cadavre de son frère.
En plus d’être assez simpliste dans la caractérisation de son protagoniste, cette introduction amoindrit la force du hors-champ du film original. Alors que Cameron veut nous plonger directement dans son univers et sa prouesse technologique, cette lente transition s’apparente à une tentative d’acclimatation un peu maladroite. Certes, on retiendra ce plan magistral où le visage incinéré du frère de Jake devient celui du hérosdans son caisson de cryogénisation (là encore, un transfert des corps et des esprits), mais Avatar profite vraiment de l’immédiateté de son introduction.
Dans le futur, on aura tous des looks de merde
S’il ne fallait en garder qu’une
Les versions longues d’Avatar ont principalement le mérite de confirmer à quel point le montage pour les salles de cinéma évite le moindre bout de gras. Pour autant, certains ajouts (surtout ceux avec Grace et le rapport à l’école) parviennent à apporter une émotion supplémentaire, en plus d’entériner la difficulté du dialogue entre les humains et les Na’vis. Si la Special Edition Re-Release possède son lot de détails plus ou moins anodins, leCollector’s Extended Cut est de son côté plombé par son introduction remaniée.
La version cinéma d’Avatar reste donc la meilleure (à notre humble avis), mais les fans du film devraient malgré tout s’essayer au Collector’s Extended Cut pour approfondir au maximum leurs connaissances de l’univers (surtout avant Avatar : La Voie de l’eau).
Rédacteurs :
Antoine Desrues
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Avatar du Boson
il y a 1 année
Je sais à 3000% qu’il existe une version non officiel de la special edition 6min ou Collector’s Extended Cut 16Min de Avatar 1 (2009) en 3D.
Ma question:
Désirant du vrai Full HD/Œil, quelqu’un pourrais me dire, s’il existe, où trouver le Blu-Ray 3D Collector’s Extended Cut officiel?
Merci!
PatrickJammet
il y a 1 année
«Dans le futur on aura tous un look de merde. Oui, le mode est prémonitoire.
Kyle Reese
il y a 1 année
Alors je viens juste de faire gaffe à un truc de dingue … Cameron avait déjà anticipé le Covid 19. ou une même saloperie du même genre pour son futur désenchanté. Voir l’image de Jack dans son fauteuil dans le bard du début de l’Extended version . Il y a 4 personnes qui portent un masque sur la photo. Trop fort. ^^
Jippay
il y a 1 année
@Danysparta
Tellement d’accord avec toi ! Ce plan où il est sur le dos dans la flaque d’eau, avec les reflets des néons, lui en position christique hautement symbolique pour le reste du film… Magnifique !
Nyl
il y a 1 année
@Avatar saturation
Quelle belle mauvaise foi, ma parole !
Avatar saturation
il y a 1 année
Vous avez été payé par James Cameron ou quoi chez Écran Large ?!? On ne comme plus le nombre d’articles qui parlent de près ou de loin d’Avatar 2. On a compris qu’il sortait bientôt… Je suis déjà écoeuré avant même de l’avoir vu !!
Emynoduesp
il y a 1 année
On va niquer ce soooooir !…
Quel humour franchement…
Continuez, j adore! :’)
120 p
il y a 1 année
Pour moi ça sera la version longue 480p 4/3 sur TV cathodique le must
Nyl
il y a 1 année
@Toulouloums
Pourtant, Titanic est pire que Avatar. 75%-80% du film , c’est une romance d’une niaiserie…. Que cela fait passer celui de Jake et Neytiri comme un chef d’œuvre . Tellement magnifique, que j´ai effacé toutes les scènes de ma mémoire jusqu’à l’arrivée de l´iceberg
Toulouloums
il y a 1 année
Holala he bien….! En voila des versions dans tous les cas j’en ai vu aucune enfin presque j’ai vu le debut au cinoche en 3d et mon cerveau à burner surtout mes yeux et je me suis sauver au bout de 15mn(voir moins) la 3d avec lunettes pas pour moi et donc j’ai essayer de le voir le collector extended cut j’ai tenu 45minutes je sais pas j’ai pas accroché et pourtant je suis fan de james cameron (t1,t2,truelies,titanicnic,et meme abyss que j’avais trouver tres chouette)